Croissance et lutte contre le changement climatique : compatibles?

Publié le par ecosophia


Il y a un élément qui n'est malheureusement pas souvent évoqué par les médias dans leur traitement du changement climatique, c'est ce que l'on nomme "seuil soutenable".

J'ai déjà indiqué précédemment à quoi il correspondait. Une fois cet élément pris en compte, je pense qu'il est intellectuellement absurde de dire qu'en France à l'heure actuelle on peut faire cohabiter croissance économique soutenue et lutte contre le changement climatique.

La fabrication d'un bien engendre obligatoirement des émissions de gaz à effet de serre. Un légume produit et acheté localement, sans engrais chimique, sans pesticide, récolté à la main, sera responsable d'émissions de gaz à effet de serre. De même, la fabrication d'un panneau solaire engendre des émissions de gaz à effet de serre qui ne seront compensées qu'au bout de 7 à 10 années de fonctionnement. 

On encourage l'achat de véhicules moins polluants (il y a 2 ou 3 ans on parlait même de véhicule propre!) , mais la consommation de carburants représente 3/4 des émissions d'une voiture (pour un véhicule ayant parcouru en 15 ans, 250 000 kms, le quart restant provient surtout de la fabrication du véhicule et de l'acheminement du carburant). Encourager la construction et la vente de véhicules plus propres n'est pas "écologique" car cette mesure a pour but d'accélérer le remplacement du parc automobile. Or, la fabrication d'une automobile et son recyclage ont un coût écologique. Par contre cette mesure tend à "moraliser écologiquement " la croissance du nombre de véhicules vendus. Et à encourager l'utilisation de nos véhicules aux détriments des autres moyens de transport.

Notre manière de vivre et de consommer n'est pas compatible avec la lutte contre le changement climatique; et le progrès technique matériel est trop lent, pas assez efficace pour résoudre le problème. Et, d'ailleurs quand bien même il le serait, nous l'utiliserions comme prétexte à l'augmentation des quantités produites et consommées.

L'humaité va disparaitre. A très long terme avec notre soleil, à moyen terme pour des raisons "extra-humaines" (météorites, virus, ...) ou à court terme à cause de la folie humaine (guerre nucléaire, pollution accrue, ....).  Je ne m'en réjouis pas, et il est très fortement propable (heureusement) que ma disparition précède celle de l'humanité (je ne suis pas suffisemment orgueilleux pour penser que le monde ne pourra survivre sans moi). Il ne s'agit donc nullement d'éviter l'apocalypse, d'ailleurs les conséquences du changement climatique ne nous mèneront peut-être pas jusqu'à cette extrêmité. On saît par contre qu'elles feront souffrir les plus faibles et tueront quelques millions de personnes.
D'autres "phénomènes" ont déjà ce bilan. Chaque année, 1,5 millions d'enfants meurent car ils n'ont pas accès à l'eau potable alors que nous utilisons 20% de l'eau potable pour nos chasses d'eau, 800 millions de personnes souffrent de malnutrition alors que la production alimentaire est suffisante pour couvrir 2 fois les besoins mondiaux. 30 000 personnes meurent chaque année en France à cause de la pollution de l'air. Les cancers des enfants et les malformations congénitales ont augmenté considérablement depuis les années 80.

La question n'est pas de savoir si il faut lutter ou non contre le changement climatique tout en continuant à vivre comme nous le faisons.
Mais la véritable question est : luttons-nous contre le changement climatique (et d'autres souffrances) ou continuons-nous à vivre comme nous le faisons?

Une véritable démocratie exposerait ce dilemme au débat public.


NB: La simplicité volontaire se légitimise pour  d'autres raisons ; le changement climatique n'est pas la cause de l'existence des idées de la simplicité volontaire. Par contre, la philosophie de la simplicité volontaire est compatible avec la lutte contre le changement climatique. Quand bien même le changement climatique n'existerait pas ou ne serait pas d'origine humaine, je serais un objecteur de croissance et un précurseur de la simplicité volontaire.


Sylvain,
Membre Ecosophia.

Publié dans changement climatique

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