Développement durable (ou soutenable)

Publié le par ecosophia


La notion de développement durable est devenue " à la mode ", et semble faire l'unanimité dans les milieux écologiques, politiques, économiques et financiers; certainement parce que chacun a sa conception du développement.

Le terme de développement durable apparait pour la première fois en 1980, c'est l'Union Internationale pour la conservation de la nature qui crée cette notion. Mais, c'est le rapport Brundtland (1987) qui lui donne une définition reconnue mondialement : " répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins". 

Qu'est-ce que, alors, compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs besoins? Et, surtout, quels sont leurs besoins? Car, cela suppose que nous sommes aujourd'hui en mesure d'estimer les besoins futurs! Et, que donc, cette conception des besoins est celle de l'Occident actuel, qui après avoir imposé sa vision du monde et son mode de vie aux autres cultures, veut l'imposer aux générations futures.
Stéphane Bonnevault considère ainsi que le développement est un projet historique et culturel particulier dont les bases ont été jetées par l'économie dominante et dont l'aboutissement est la marchandisation du monde. Gilbert Rist partage la même vision en définissant le développement comme "un ensemble constitué de pratiques contradictoires en apparences qui, pour assurer la reproduction sociale, obligent à tranformer et à détruire, de façon généralisée, le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d'une production croissante de marchandises. Serge Latouche complète l'argumentaire en indiquant que la supériorité de l'Occident est "d'avoir inventé les forces matérielles et morales de destruction capables d'assurer sa domination sur les autres sociétés; et finalement de leur imposer sa valeur suprême : le développement".

La définition du rapport Brundtland confirme aussi que notre mode de développement n'est pas durable, puisqu'il faut rechercher un développement qui lui, soit durable. Certains considèrent ainsi que l'on peut définir 3 sphères : économique, sociale et environnementale. Et, que, dans notre mode de développement actuel, la sphère économique a tellement pris de l'importance qu'elle a pris le pas sur les 2 autres sphères. Au nom de la rentabilité économique, on subit ainsi des régressions sociales (allongement âge de la retraite, croissance des inégalités,...) et la destruction de notre environnement (biodiversité menacée, changement climatique, pollutions des eaux,....). La solution consisterait donc à rétablir un équilibre entre les différentes sphères. Mais, il faut concéder que la plupart des médias et de nos contemporains considèrent que le développement durable est simplement un rééquilibrage entre la sphère environnementale et économique. Quand bien même il n'est pas limité à un développement adapté à la lutte contre le changement climatique. Le développement durable est alors proche "d'existence de l'espèce humaine durable" et consiste à éviter l'auto-destruction, il devient simplement un mode de développement respectueux de l'environnement.

La définition du développement durable est suffisemment imprécise pour donner lieu à de multiples interprétations; et permet ainsi un consensus qui s'impose à tous au nom de la morale.

Pour moi, le développement durable doit être un mode de développement qui respecte l'humanité dans son ensemble , en tous lieux et en tous temps. Le développement durable doit  donc être un mode de développement qui ré-humanise nos sociétés, et replace l'Homme (et les femmes) au centre de nos préoccupations. 
Ou pour reprendre les termes initiaux : le développement durable est un système d'organisation sociale qui permet de répondre aux besoins essentiels et totalement libres de l'ensemble des membres des peuples actuels et futurs. 
La recherche de la croissance ou de la décroissance ne peuvent alors être des objectifs finaux.


Sylvain,


pour aller plus loin : Stéphane Bonnevault, Développement insoutenable, Editions du croquant (2003).

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J
Votre définition n'est pas plus parlante (?) que celle du rapport Braudtland même si votre analyse est particulièrement intéressante. Tout comme votre site, félicitations.
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